Histoire de l'école à Héricy à partir du XVIIe siècle

Les monographies communales sont des études portant sur les communes de Seine-et-Marne réalisées par les instituteurs à la demande du Ministère de l’Instruction publique pour la préparation des expositions universelles de 1889 (instruction générale du 31 juillet 1887) et 1900 (instruction générale du 29 décembre 1898). Elles sont consultables en ligne sur le site des Archives Départementales de Seine-et-Marne.

Suivant un plan précis, parfois imposé, elles peuvent constituer une base de travail pour des recherches plus approfondies, car elles synthétisent des informations sur chaque commune telles que : la situation géographique, le climat, l’histoire locale, des statistiques et l’organisation de l’instruction, des biographies de personnages remarquables, la liste des curés… 

C’est la deuxième partie intitulée « Histoire de l’Enseignement » qui nous a particulièrement intéressés. Ce document remarquable rédigé de façon manuscrite à l’époque par Albert POITRINAL, instituteur à Héricy, présente une multitude d’informations. Nous avons la chance de posséder à Héricy une monographie conséquente de 69 pages, reprenant elle-même les travaux de recherche effectués par M. Auguste Hildebert BILLY, instituteur de 1879 à 1887 et prédécesseur de M. POITRINAL.

Ces travaux font état de l’existence d’une première école à Héricy en 1610 dans des locaux situés près de la cave sainte Geneviève.

De 1612 à 1660 nous ne possédons pas de renseignements. 

Instituteur, parmi d’autres occupations

A partir de 1660 et jusqu’en 1762 plusieurs maîtres se sont succédés ; ils occupaient plusieurs fonctions et n’étaient pas forcément instruits.

Etienne DUMONT a occupé le poste de maître des petites écoles en exerçant d’autres fonctions : greffier, chantre, secrétaire de la garde nationale de 1762 à 1794. En vertu de la loi du 19 décembre 1794 il fut reçu instituteur et dut abandonner partie de ses autres fonctions. Ses gages annuels s’élevaient à 165 francs et la mairie lui allouait une somme pour se loger convenablement lui-même et ses élèves.

Au décès d’Etienne DUMONT, l’école fut fermée. Réouverte un an plus tard, elle accueillit M. LEMOINE de 1806 à 1821 auquel succédât M. PINOTEAU qui fut logé dans une maison de la Grande Rue louée par la mairie et enfin équipée de tables et de bancs.

La loi du 12 octobre 1794 prescrit aux parents de scolariser leurs enfants et ils paient en fonction du niveau d’apprentissage de l’enfant.

La Mairie, acteur moteur dans l’éducation des jeunes héricéens

Le choix de l’Instituteur…

En Mars 1833 le Maire demande à acquérir une maison car les locations sont de plus en plus difficiles ; Elle est achetée à Madame BERTHIER, servira aussi de mairie et la commune s’endette. Malgré tout, elle poursuit ses efforts et formule auprès du Préfet la demande suivante : 

« Monsieur le Maire a exposé que Monsieur Pierre Nicolas ROBERT, maître d’école de ladite commune d’Héricy, sans capacités, incapable d’instruire la jeunesse » était tout juste bon à « piocher la terre ». 

« Mais actuellement que la commune a fait tous les sacrifices nécessaires, malgré cependant qu’elle ne possède rien ; mais elle aime encore mieux souffrir quelque temps et avoir un homme instruit. »

Le maire peut dès lors revendiquer d’avoir un vrai maître d’école et non « un homme à piocher la terre ».

M. BARRE élève de l’École Normale est donc nommé en 1836. La première école normale en France date de 1808 et délivre « un brevet de capacité ».

En 1842 les frais d’école sont augmentés si bien que l’instituteur M. COLLARD percevra 950 Francs.


…Et une école laïque bien avant les lois Jules Ferry !

En 1842 le conseil municipal vote la construction d’une école de garçons et en 1859 une école séparée pour les filles ; c’est alors que le Comte d’Erceville veut faire donation d’une bâtisse et d’un terrain en imposant une religieuse à la tête de cette école mais la commune vote avec une majorité écrasante pour une institutrice laïque plus au goût des Héricéens et l’offre du comte est déclinée ; la donation du comte servira à ouvrir une école congréganiste de filles avec internat.

Des locaux toujours plus grands pour une école gratuite

En 1860 il est question de traiter avec Mme veuve GUILLOT pour acquérir une maison pour loger l’institutrice avec « salle d’asile » pour les petits de 2 à 7 ans ; des travaux y seront réalisés.

En 1866 le conseil vote la gratuité de l’asile et en 1867 est votée la gratuité pour les filles et les garçons. Le Certificat d’Etudes Primaires est institué en Août 1866 et Héricy connaît son premier lauréat en 1869 qui deviendra lui-même instituteur.

En 1881 il est urgent de changer de local (exigu, non conforme) ; un architecte est contacté. En 1883 l’actuel groupe Jean Carcy est construit ; il abrite l’école des garçons, le logement de l’instituteur et la mairie. Un maître adjoint est nommé car il y a maintenant une soixantaine de garçons à instruire.

Grâce aux archives, et notamment aux annuaires commerciaux de 1909, 1927, 1924, 1932 et 1937, nous pouvons retracer la liste des instituteurs et institutrices à Héricy au cours du XXe siècle.

Monsieur Jean CARCY a occupé le poste de Directeur de l’école de 1956 à 1967. Nous laissons le soin à Mme Mauricette VENET, ancienne directrice de l’école maternelle, de lui rendre hommage.

Hommage de Mme VENET à M. CARCY

Comme on le voit à la lecture des courriers et délibérations, la commune d’Héricy semble avoir été très attachée à pourvoir un enseignement de qualité sur la commune : de nombreux documents font état de recherches de bâtiments pour loger l’instituteur et les élèves, la commune a pu revendiquer d’avoir de vrais instituteurs formés. Il semblerait que les enfants de Samoreau et Vulaines venaient à l’école à Héricy.